ANABASIS
pour
choeur, 6 musiciens et 2 récitants Production : Archipels
Cie Dominique Pifarély Commande d'Etat |
anabasis
: marche, expédition. "L'anabase,
c'est la remontée de la mer vers les terres (…) et Martine
Broda, "Dans la main de personne, essai sur Paul Celan" |
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Distribution
Choeur : Contraste (Ensemble vocal de Franche-Comté), dir. Brigitte Rose Récitants : Violaine Schwartz, Pierre Baux Musiciens
: Son, traitement sonore : Thierry Balasse Lumière : Jean Grison |
Ici,
à partir donc du "commode", mais à la clarté aussi
bien de l'utopie, j'entreprends maintenant une exploration
topologique. Je recherche le pays d'où Reinhold Lenz et Karl
Emil Franzos, ici rencontré chemin faisant, et près de
Georg Büchner, ont eu départ. Je recherche également,
puisque, à nouveau, j'en suis au début, le lieu de ma
provenance. Je les recherche d'un doigt mal assuré, parce qu'anxieux,
sur la carte carte d'enfant, à dire vrai, la seule que
je possède.
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Intention [oratorio] Insensiblement, en réunissant diverses expériences texte/musique, je me suis rapproché de cet "espèce d'opéra spirituel, ou tissu de dialogues, de récits, de duos, de trios, de ritournelles, de grands churs" (Sébastien de Brossard, 1703), ou encore : musique improvisée par l'assemblée réunie autour du prédicateur et dirigée par lui, empruntant souvent des mélodies connues plaquées sur des textes de circonstance", présentant, "une certaine analogie entre les débuts de l’oratorio et le spiritual des Noirs d'Amérique" (Encyclopædia Universalis). Ainsi le travail du musicien de jazz, l'ancrage culturel du violoniste semblaient se rejoindre dans une même nécessité, un même déplacement des pratiques : de l'écrit à l'improvisé, du texte au geste musical, du son au mouvement du sens. C'est de cette nécessité que surgit l'idée d'"Anabasis". Double nécessité, formelle et sensible, en ce qu'elle adjoint à une direction de travail un questionnement qui porte sur l'exil, le sujet et la communauté. Le déplacement, la fuite, la quête, mais aussi l'exil de soi et le retour vers soi et vers l'autre. [livret] Le déplacement donc, le multiple et le Un, la question de la langue (autour de quoi s'organise l'Entretien dans la montagne, texte qui introduit Anabasis) parcourent les poèmes de Paul Celan et de Fernando Pessoa que j'ai réunis, et dans lesquels le rythme et la syncope, comme le caractère fragmentaire de la phrase sont - au-delà du sens - les éléments proprement musicaux sur lesquels j'ai fondé mon travail. Ces poèmes seront chantés dans leur langue d'origine et dits dans leur traduction française. J'ai également voulu introduire dans ce tissu de textes la langue philosophique dans ce qu'elle a d'absolument poétique, avec des fragments empruntés au philosophe Jean-Luc Nancy. Cet assemblage prend le pari d'une construction non-narrative, dans laquelle la réitération, la césure, le mélange des langues permettent une écoute mobile, une sorte d'"attention flottante" entre la parole, le chant et le geste instrumental. [musique] Les textes sont dits par les deux comédiens, la "dramatisation" traditionnelle du livret faisant ici place à un travail particulier sur le rythme et la répétition, en contrepoint des parties instrumentales écrites ou improvisées. Chantés par le chur, ils sont soumis au discours improvisé des instrumentistes-solistes, qui apparaissent sans cesse en "ombre double". L'écriture musicale tente ainsi de cerner une géographie à la fois précise (l'écriture du chur, certaines parties instrumentales) et mouvante, indéterminée (les textes retravaillés, quasi improvisando, par les comédiens, l'improvisation musicale). |